- SPECTROPHOTOMÉTRIE
- SPECTROPHOTOMÉTRIELa spectrophotométrie a pour objet la mesure, en fonction de la longueur d’onde, du rapport de deux grandeurs photométriques de même nature. Les premiers spectrophotomètres étaient conçus et fabriqués pour l’usage exclusif de quelques laboratoires de recherche. Les récepteurs associés, seuls connus alors, étaient l’œil et la plaque photographique. Avec la découverte des récepteurs physiques et des techniques d’amplification et d’automatisme, des spectrophotomètres de plus en plus perfectionnés sont apparus sur le marché. La spectrophotométrie est, à l’heure actuelle, l’outil indispensable de recherche et d’analyse de la plupart des sciences et des techniques. Des milliers d’appareils, couvrant un domaine spectral s’étendant de l’ultraviolet à l’infrarouge lointain, sont journellement employés. Non seulement les grands laboratoires les utilisent, mais les industries les plus diverses en font usage pour contrôler leurs fabrications.1. Définition et butLa spectrophotométrie est une technique de mesure qui associe l’analyse spectrale de la spectrométrie à la mesure de grandeurs photométriques relatives liées dans la plupart des cas aux propriétés de la matière. Le résultat de cette association conduit à l’emploi d’appareils particuliers appelés spectrophotomètres.La spectrométrie a pour objet d’isoler dans le rayonnement complexe, continu ou discontinu, émis par une source (lampe à incandescence, lampe à décharge, etc.), une radiation quasi monochromatique ou bande spectrale ou élément spectral, de longueur d’onde moyenne et de largeur. Cette radiation peut aussi s’exprimer par le nombre d’onde moyen 靖 = 1/ et la largeur 靖= 靖./. Alors qu’en spectrométrie l’unité de longueur d’onde couramment employée fut l’angström (Å): 1 Å = 10-10 m, en spectrophotométrie on préfère utiliser des multiples de l’angström. Ce sont le nanomètre (nm): 1 nm = 10-9 m et le micromètre ( 猪m): 1 猪m = 10-6 m. L’unité de nombre d’onde est l’inverse du mètre (m-1); on utilisait aussi le kayser (K). Par exemple, la radiation de couleur bleu-vert peut être définie par sa longueur d’onde = 500 nm = 0,5 猪m ou par son nombre d’onde 靖 = 2 000 000 m-1 = 20 000 K. Si l’élément spectral a pour largeur = 1 nm, il lui correspond un 靖 de 4 000 m-1.Lorsqu’un faisceau de rayonnement complexe qui transporte un flux énergétique incident 0 frappe la surface d’un matériau non luminescent, c’est-à-dire ne modifiant pas la fréquence des radiations qui composent ce rayonnement, il subit plusieurs altérations. Une partie du faisceau est réfléchie et renvoyée dans l’espace situé du côté du faisceau incident; une autre partie est transmise et passe à travers le matériau; une troisième enfin est absorbée et transformée en chaleur par interaction avec la matière. La réflexion et la transmission sont régulières si les faisceaux correspondants se propagent dans les directions prévues par les lois de l’optique géométrique. Si les faisceaux sont réfléchis et transmis dans d’autres directions, il y a réflexion et transmission diffuses. On appelle Fr et Ft les flux régulièrement réfléchis et transmis, et F r et F t ceux qui sont réfléchis et transmis par diffusion. On appelle Fa le flux absorbé. Ces flux modifiés sont tous proportionnels au flux incident. Le principe de conservation de l’énergie permet d’écrire la relation:En pratique, il est très difficile de séparer les phénomènes réguliers des phénomènes diffus, car tous deux coexistent. Dans ce cas, la relation devient:où F r et F t sont les flux globaux réfléchis et transmis.La photométrie relative mesure les rapports de chacun de ces flux modifiés au flux incident. Plus généralement, elle a pour objet la mesure du rapport de deux grandeurs photométriques de même nature, de deux flux énergétiques, par exemple. Du point de vue des altérations apportées par la matière, ces rapports s’appellent des facteurs. En divisant les deux membres des deux relations précédentes par 0, on obtient:Les facteurs de réflexion et de transmission régulières ont pour valeurs 福r = Fr 0 et 精r = Ft 0. Les facteurs de réflexion et de transmission diffuses ont pour valeurs 福d = F r 0 et 精d = F t 0. Les facteurs de réflexion et de transmission ont pour valeurs 福 = F r 0 et 精 = F t 0. Le facteur d’absorption s’écrit 見 = Fa 0. Chacun de ces facteurs dépend, à la fois, d’une part du mode d’irradiation du matériau, c’est-à-dire de la manière dont le matériau est éclairé (angle d’incidence et étendue géométrique du faisceau) et de l’état de polarisation du faisceau incident, d’autre part des radiations présentes dans le rayonnement. La spectrophotométrie permet pour un mode d’irradiation fixé à l’avance de mesurer les variations de ces facteurs en fonction de la longueur d’onde (ou du nombre d’onde). Ces variations sont mesurées entre deux radiations extrêmes dont la différence représente le domaine spectral exploré ou analysé. Le facteur qui correspond à chaque radiation est un facteur spectral: par exemple, le facteur spectral de réflexion régulière. Un cas particulier intéressant est celui où le facteur d’absorption suit les lois de Bouguer et de Beer , par exemple pour l’absorption des filtres de verre et des filtres liquides. Dans un filtre de verre , lorsque le flux de rayonnement F traverse l’épaisseur élémentaire dx , la diminution de flux due à l’absorption s’écrit:Le facteur de transmission de l’épaisseur x a pour valeur:Il est commode alors d’introduire la densité optique:Celle-ci, pour un même matériau, est proportionnelle à l’épaisseur traversée. Cette propriété trouve une application dans la réalisation d’un système atténuateur de flux: le coin photométrique non sélectif dans lequel 見 reste constant pour un intervalle étendu de radiations. Le filtre liquide le plus simple est constitué d’une substance colorée dissoute dans un solvant supposé sans absorption. On désigne par c la concentration, c’est-à-dire le rapport de la masse de la substance colorée à celle du solvant, et par x l’épaisseur de la solution. Si la concentration reste faible ou modérée, la loi de Bouguer s’applique et prend le nom de loi de Beer. On a:où k est le coefficient d’absorption spécifique pour la concentration unité. Cette loi peut se généraliser dans le cas où plusieurs substances ne réagissant pas chimiquement entre elles sont dissoutes dans le même solvant (non absorbant) avec les concentrations faibles respectives c 1, c 2, c 3... La densité optique totale de la solution est la somme des densités optiques partielles.Outre les mesures des différents facteurs cités, les techniques de la spectrophotométrie peuvent être utilisées pour la mesure des variations du rapport de deux flux énergétiques émis par deux sources de rayonnement différentes. La variation en fonction de la longueur d’onde du rayonnement de l’une des sources étant connue, le rapport mesure la répartition spectrale relative d’énergie de l’autre source. On peut aussi mesurer les spectres de fluorescence et de phosphorescence de matériaux éclairés par des radiations ultraviolettes convenables.2. Les éléments d’un spectrophotomètreDans un spectrophotomètre (fig. 1) on trouve toujours quatre éléments fondamentaux.La source S a pour but de fournir dans tout le domaine spectral d’analyse de l’appareil un rayonnement généralement continu. Les sources les plus communément employées sont les sources thermiques et les lampes à décharge. Dans la première catégorie entrent la lampe à incandescence à enveloppe de verre ou de quartz qui émet un rayonnement utilisable compris sensiblement entre 300 nm et 2,5 猪m, la lampe à filament de Nernst et la lampe Globar. Ces deux dernières lampes sont chauffées dans l’air à des températures comprises entre 1 000 0C et 1 500 0C et rayonnent dans l’infrarouge entre 2,5 猪m et 15 猪m. Dans la seconde catégorie, on trouve les lampes à arc dans l’hydrogène ou le deutérium. Elles émettent un rayonnement ultraviolet compris entre 170 nm et 350 nm. On emploie aussi la lampe à arc dans le xénon qui rayonne dans un domaine de radiations plus étendu compris sensiblement entre 250 nm et 2,5 猪m. On demande à toutes ces sources de posséder une bonne stabilité temporelle d’émission, une luminance élevée et une durée de vie suffisante. Si le domaine spectral exploré par le spectrophotomètre dépasse celui d’émission d’une seule source, on ajoute à celle-ci une ou plusieurs sources supplémentaires convenables.Le monochromateur M est, à quelques détails près, semblable à ceux qui sont employés en spectrométrie. Les éléments dispersifs peuvent être des prismes, des réseaux ou des combinaisons des deux. Selon le domaine spectral exploré, les prismes sont en verre (visible), en quartz (ultraviolet), en chlorure de sodium, bromure de potassium et bromure de césium (infrarouge). Les réseaux plans ou concaves obtenus par réflexion peuvent être utilisés quelle que soit la région spectrale explorée. Ils sont du type à échelette. Le monochromateur est simple ou double, à dispersion additive ou soustractive. Très souvent, le monochromateur double n’est pas constitué de deux monochromateurs identiques associés. Le premier, appelé prémonochromateur, est à prisme. Il produit une dispersion inférieure à celle du second monochromateur. Il isole dans le rayonnement émis par S un intervalle spectral étroit, centré sur la radiation analysée et envoyé dans le second monochromateur. Cela évite, si le second monochromateur est à réseau, la superposition sur la fente de sortie de radiations multiples d’une même longueur d’onde et dispersées dans des ordres différents. En l’absence de prémonochromateur, cette superposition est évitée par l’emploi de filtres absorbants. Les longueurs d’onde ou les nombres d’onde de réglage sont le plus souvent repérés sur une échelle linéaire. Leur défilement peut s’effectuer automatiquement dans le sens croissant et décroissant à différentes vitesses, depuis les très lentes (exploration du domaine spectral en plusieurs heures) jusqu’aux très rapides (exploration en quelques minutes). Sur les appareils moins perfectionnés, la longueur d’onde de réglage est positionnée manuellement. On tente toujours de réaliser le meilleur compromis entre le pouvoir de résolution et la luminosité, tout en réduisant au minimum les aberrations et la lumière parasite. Celle-ci, non monochromatique, est réfléchie et diffusée par les différentes pièces optiques et diaphragmes; elle se superpose sur la fente de sortie à la radiation analysée. Dans beaucoup de monochromateurs, l’étanchéité est suffisante pour injecter de l’air sec ou de l’azote. Cela permet soit de maintenir une température bien définie, soit d’éliminer les bandes d’absorption de la vapeur d’eau ou du gaz carbonique de l’air. Dans certains spectrophotomètres simplifiés, le monochromateur est remplacé par une série de filtres interférentiels à bande étroite ou moyenne: = 1,5 ou 10 nm. Ces appareils ne peuvent en aucun cas donner un résultat aussi précis que le résultat obtenu par un monochromateur classique. Ils ne permettent que des mesures discrètes, faites pour des radiations de longueurs d’onde moyennes fixées à l’avance. Cependant, la qualité actuelle de fabrication des filtres interférentiels permet d’obtenir des résultats de mesure assez proches (de 1 à 5 p. 100) de ceux que fournissent les spectrophotomètres de qualité moyenne munis d’un monochromateur simple. Les appareils simplifiés à domaine spectral limité sont surtout utilisés pour les contrôles industriels courants.Le récepteur physique R reçoit le flux d’énergie transporté par la radiation quasi monochromatique issue de la fente de sortie du monochromateur et le transforme en un courant électrique mesurable. La qualité fondamentale du récepteur est sa linéarité . Le courant qu’il débite doit être proportionnel au flux d’énergie incident sur sa cathode, et cela pour des rapports de flux pouvant atteindre et même dépasser 100. Cette proportionnalité n’est jamais rigoureuse; elle dépend du type de récepteur. Les défauts de proportionnalité sont compris entre quelques dix-millièmes et quelques pour-cents. D’autres qualités sont requises du récepteur: une grande sensibilité (courant débité suffisant pour un faible flux incident) et une faible constante de temps (réponse rapide aux variations du flux incident). La sensibilité spectrale du récepteur est la courbe du courant qu’il débite en fonction de la longueur d’onde pour des flux quasi monochromatiques incidents égaux; elle définit le domaine spectral dans lequel le récepteur doit être employé. Il existe un grand nombre de récepteurs physiques. Les plus couramment employés sont: dans l’ultraviolet et le visible, le tube photoélectrique ou cellule photoémissive, le photomultiplicateur, la photopile; dans le proche infrarouge et l’infrarouge, la cellule photorésistante, la pile thermoélectrique, le récepteur pneumatique. Si le domaine de sensibilité spectrale d’un seul récepteur est insuffisant, on lui adjoint un ou plusieurs récepteurs supplémentaires convenables, de telle sorte que l’ensemble couvre tout le domaine spectral exploré par le spectrophotomètre.L’appareil de mesure A reçoit directement ou par l’intermédiaire d’un amplificateur le courant délivré par le récepteur. Dans le cas le plus simple, cet appareil est un galvanomètre ou un millivoltmètre dont les graduations permettent une lecture directe du rapport mesuré. Le rapport est parfois affiché sur des tubes indicateurs numériques lumineux alignés. Dans les spectrophotomètres semi-automatiques et automatiques, l’appareil de mesure est un enregistreur. Le déplacement de la plume est commandé soit directement par le courant délivré par le récepteur, soit par la différence ou le rapport entre ce courant et un courant de référence convenable. Le déroulement à vitesse constante du papier de l’enregistreur est lié au défilement des longueurs d’onde de réglage. Pour le domaine spectral exploré, on obtient en fin de mesure la variation, en fonction de la longueur d’onde ou du nombre d’onde, soit du flux modifié mesuré, soit du rapport de celui-ci au flux incident. La courbe obtenue est appelée la courbe spectrale (de transmission, de réflexion, etc.). Aux spectrophotomètres récents il est possible d’associer un perforateur de cartes ou de bandes sur lesquelles sont transcrits, dans un code convenable et pour des longueurs d’onde de réglage discrètes, les rapports mesurés. Cela permet d’introduire ces données dans la mémoire d’un ordinateur où elles sont utilisées pour effectuer les calculs requis par l’opérateur. Parmi ces calculs, il faut citer ceux des grandeurs colorimétriques associées aux sources d’éclairage et aux matériaux colorés.Trois remarques peuvent être faites.On demande à l’ensemble récepteur-appareil de mesure de fournir un signal très supérieur au plus petit signal (le bruit de fond) qu’il est capable de détecter. A ce bruit de fond électrique s’ajoutent le bruit produit par tous les éléments qui composent le spectrophotomètre et tout particulièrement le bruit de l’optique et de la mécanique. Le rapport entre le signal et le bruit de fond total définit les qualités de sensibilité et de précision de l’appareil. Il est toujours souhaitable que ce rapport soit supérieur à l’unité. Un des procédés pour réduire le bruit d’origine thermique d’un récepteur est d’abaisser sa température de fonctionnement.Quand un amplificateur à courant alternatif est placé entre le récepteur et l’appareil de mesure, le rayonnement envoyé sur la fente d’entrée de M, ou issu de sa fente de sortie, traverse un modulateur. Celui-ci est généralement constitué par un disque, ou par un miroir, formé de parties successivement transparentes (ou réfléchissantes) et opaques (ou absorbantes) et tournant à vitesse constante. Dans certains appareils, un ou plusieurs miroirs vibrants assurent la même fonction. Le modulateur peut être placé en m ou en m . Il a pour but de produire une variation (une modulation) alternative, de fréquence f exprimée en hertz, du flux qui atteint le récepteur. On peut alors amplifier le signal modulé délivré par le récepteur.L’échantillon de matériau à mesurer est introduit soit en e devant la fente d’entrée, soit en e après la fente de sortie. Il est placé sur l’accessoire approprié qui correspond au facteur qui doit être mesuré. Tous les spectrophotomètres courants en possèdent un pour mesurer le facteur de transmission régulière de filtres solides ou liquides. D’autres accessoires, d’emploi plus délicat, sont fournis avec les appareils plus perfectionnés. Ils permettent la mesure des facteurs de réflexion régulière et diffuse, des facteurs de transmission diffuse, de la densité optique par transmission, etc. Parmi les accessoires très particuliers, on peut citer ceux qui sont destinés à la mesure des répartitions spectrales relatives de sources, des spectres de fluorescence et de phosphorescence, des spectres des raies Raman et de l’absorption atomique.3. Les deux types principaux de spectrophotomètresPour déterminer le rapport des deux grandeurs photométriques spectrales, on peut mesurer ou enregistrer séparément chacune de ces grandeurs: après dépouillement des deux séries de résultats, il suffit d’en faire le rapport. Il est possible également de mesurer d’une manière directe ce rapport grâce à un dispositif approprié associé au monochromateur et à l’ensemble récepteur-appareil de mesure. Dans le premier cas, le spectrophotomètre est à faisceau unique; dans le second, il est à deux faisceaux.Le spectrophotomètre à faisceau unique ou à simple faisceauLa figure 2 représente le diagramme fonctionnel d’un spectrophotomètre enregistreur à faisceau unique. Dans ce type d’appareil, un seul faisceau de rayonnement frappe le récepteur. La source S éclaire le compartiment échantillon e . Le flux constant qui sort de e est modulé à basse fréquence f (de quelques hertz à quelques dizaines de hertz) par le modulateur m actionné par le moteur M0. Le flux variable entre dans le monochromateur M. À la sortie de celui-ci, le flux modulé quasi monochromatique tombe sur le récepteur R qui délivre un signal électrique alternatif de fréquence f envoyé dans l’amplificateur 遼. Dans celui-ci, la détection, ou restitution du signal existant à la sortie de e , s’opère grâce à un commutateur (parfois appelé chopper ) qui fonctionne en synchronisme avec le modulateur m . Le signal y , amplifié et détecté, commande le déplacement en ordonnée de la plume de l’enregistreur. Le déroulement du papier (axe des abscisses) est asservi au défilement de la longueur d’onde de réglage. La largeur des fentes est réglée par l’opérateur et l’élément spectral qui leur correspond varie avec elles. Beaucoup de spectrophotomètres à faisceau unique n’ont ni modulation ni amplification. Le récepteur est directement relié à l’appareil de mesure. La courbe du facteur spectral mesuré se déduit de deux enregistrements successifs tracés soit sur le même graphique (cas d’un enregistreur X-Y), soit à la suite l’un de l’autre (cas d’un enregistreur à bande de papier qui se déroule à vitesse constante). Le premier enregistrement (S) correspond au flux incident; le second (S ) correspond au flux modifié par l’échantillon. On trace la courbe spectrale en calculant pour chaque longueur d’onde le rapport des ordonnées de S et S . Il se peut que les résultats obtenus manquent de précision si d’un enregistrement à l’autre la répartition spectrale de la source, le réglage en longueur d’onde du monochromateur, la réponse du récepteur et le gain de l’amplificateur se sont modifiés. Si l’enregistreur est remplacé par un appareil de mesure plus simple (galvanomètre, millivoltmètre, indicateur numérique), l’opérateur note, pour chaque longueur d’onde de réglage, les valeurs proportionnelles à S et S . C’est la méthode de mesure «longueur d’onde par longueur d’onde» (appelée aussi «point par point»). Elle compense les dérives et les variations d’étalonnage. La précision du résultat est meilleure. Malheureusement, cette méthode est longue et peu adaptée aux mesures répétitives. En outre, si la courbe spectrale présente des singularités, celles-ci risquent de passer inaperçues lorsque les points discrets de mesure deviennent trop espacés.Le spectrophotomètre à deux faisceaux ou à double faisceauLa figure 3 a représente le diagramme fonctionnel d’un spectrophotomètre enregistreur à deux faisceaux. La source S éclaire simultanément deux compartiments identiques. Le compartiment e contient l’échantillon à mesurer; le compartiment r , appelé référence, laisse librement passer le faisceau de rayonnement. Les flux issus de e et r sont modulés à basse fréquence f par le miroir tournant m mû par le moteur M0 et représenté vu de face sur la figure 3 b. Pendant une période T, le monochromateur reçoit successivement, décalés d’une demi-période, les flux provenant de la référence et de l’échantillon. À la sortie du récepteur, les signaux électriques ont la forme approximative représentée sur la figure 3 c. Ces signaux amplifiés et détectés dans 遼 sont séparés par un commutateur synchronisé avec la rotation de m . Dans tout le domaine spectral exploré, le signal de référence est maintenu sensiblement constant en modifiant de manière progressive soit la largeur des fentes du monochromateur, soit le gain de l’ensemble récepteur-amplificateur. Dans le premier cas, la largeur de bande est variable. Dans le second cas, les fentes conservent la même largeur quelle que soit la longueur d’onde de réglage. Si le monochromateur est à réseau, la largeur de bande reste à peu près constante. La différence entre les deux signaux est appliquée à un indicateur de zéro qui commande soit la rotation du moteur lié au déplacement y d’un potentiomètre enregistreur, soit (c’est le cas de la figure 3 a) le déplacement dans le faisceau de référence d’un atténuateur de flux G (un coin photométrique, par exemple) lié à la plume de l’enregistreur. Dans les deux cas, lorsque l’indicateur de zéro atteint sa position d’équilibre, la plume de l’enregistreur inscrit le rapport S mesuré.Avant l’enregistrement de la courbe spectrale, deux contrôles préliminaires sont nécessaires. En obturant le faisceau e , on vérifie que la ligne de zéro est confondue avec l’axe des longueurs d’onde (axe des abscisses). En laissant le faisceau passer librement en e , on vérifie que le facteur mesuré est représenté par une droite parallèle à l’axe des abscisses et d’ordonnée égale au rapport unité. Des réglages particuliers permettent de réaliser ces deux conditions.Quelques spectrophotomètres à deux faisceaux ne comportent pas d’enregistreur. Ce dernier est remplacé soit par une échelle graduée se déplaçant devant le repère d’une ouverture, soit par un indicateur numérique. Dans l’un et l’autre cas, on lit directement le facteur.Il est toujours possible d’employer en faisceau unique un spectrophotomètre à deux faisceaux. Il n’y a pas alors de variation automatique de la largeur des fentes ou de l’amplification. On ne mesure pas un rapport mais un signal proportionnel à une grandeur photométrique.4. Description d’un spectrophotomètre enregistreur réelIl existe sur le marché un grand nombre de spectrophotomètres, des plus simples aux plus complexes, couvrant chacun un domaine spectral qui correspond à des applications bien définies. On décrit ici un appareil entièrement automatique conçu pour rendre sûres et aisées toutes les manœuvres exécutées par l’opérateur. Il s’agit du spectrophotomètre enregistreur à double faisceau Cary 118 C fabriqué aux États-Unis par la société Cary Instruments. Tous les boutons de commande et de réglage sont groupés sur un panneau unique situé au-dessus de l’enregistreur. Un contrôle des données enregistrées apparaît sur un indicateur numérique lumineux. On enregistre directement les courbes spectrales de transmission régulière et de densité optique par transmission de filtres de verre ou de liquides. On trace aussi les courbes spectrales de la dérivée de la densité optique et de la concentration de solutions. Un accessoire permet l’enregistrement des spectres de fluorescence de liquides. Il est possible d’envoyer directement les résultats de mesures dans un petit ordinateur où sont exécutés de nombreux calculs. Le compartiment échantillon est placé à droite de l’appareil. Bien que le spectrophotomètre soit entièrement automatique, une commande manuelle, à gauche de l’appareil, permet de faire défiler les longueurs d’onde de réglage. On a groupé dans le tableau ci-dessus les principales caractéristiques de l’appareil. Le monochromateur à double prisme de silice fondue est à montage de Littrow (cf. SPECTROSCOPIE-Spectrographes et spectromètres optiques). La dispersion est additive. Le récepteur est un photomultiplicateur. La figure 4 représente le schéma optique de ce spectrophotomètre. Le rayonnement provenant soit de la lampe à arc dans le deutérium, soit de la lampe à halogène est dirigé sur la fente d’entrée courbe S1 par les miroirs A et B et les objectifs C et D. Le miroir collimateur E envoie sur le prisme P1 un faisceau quasi parallèle. Le faisceau dispersé revient sur E avant d’être dirigé sur la fente centrale droite S2 grâce au miroir plan F. Dans le second monochromateur, le rayonnement quasi monochromatique qui a traversé S2 suit le trajet GHP2H et tombe sur la fente de sortie courbe S3. La radiation quasi monochromatique qui sort de S3 traverse l’objectif I et atteint le miroir tournant J qui module le faisceau à la fréquence de 50 Hz, puis le sépare en deux. Les faisceaux «échantillon» et «référence» suivent les trajets respectifs KM et K1M1 avant d’atteindre le récepteur N.spectrophotométrie [spɛktʀofɔtɔmetʀi] n. f.ÉTYM. Fin XIXe, spectrophotométrique; de spectro-, et photométrie.❖♦ Phys. Étude photométrique comparée des différentes régions spectrales de sources, à l'aide de spectrophotomètres à réseau ou à prisme. || « Recherches de spectrophotométrie photographique » (Rev. gén. des sc., no 16, p. 883; 1903).
Encyclopédie Universelle. 2012.